
L’Inde a dépassé le Bangladesh en 2023 pour devenir le deuxième exportateur mondial de vêtements, derrière la Chine, selon les données de l’Organisation mondiale du commerce. La Turquie, malgré une production plus faible, reste la première destination européenne pour le sourcing rapide grâce à sa proximité avec l’Union européenne. Les coûts de main-d’œuvre au Vietnam ont augmenté de 7 % en moyenne, mais la qualité des textiles techniques y attire un nombre croissant de marques internationales.
Les entreprises cherchent désormais à jongler entre prix, rapidité d’exécution et exigences écologiques, ce qui bouleverse la hiérarchie bien établie des pays producteurs. Les choix de sourcing s’appuient sur des critères de plus en plus sophistiqués et complexes.
Plan de l'article
- Panorama des pays qui dominent la production mondiale de vêtements en 2023
- Quels critères privilégier pour choisir le bon pays de sourcing ?
- Zoom sur les tendances et innovations qui transforment l’industrie de la mode à l’international
- Vers une stratégie de sourcing adaptée aux enjeux actuels de la mode
Panorama des pays qui dominent la production mondiale de vêtements en 2023
Impossible d’éviter la Chine : véritable mastodonte industriel, elle règne sur la production mondiale de vêtements avec une offre qui couvre tous les besoins. Volumes colossaux, adaptation aux demandes des marques, délais serrés, la Chine reste sur tous les radars. Ses usines, intégrées verticalement, combinent technologie de pointe et flexibilité, ce qui en fait une destination privilégiée pour les géants du secteur. Mais la concurrence ne dort jamais.
Le Bangladesh tient le haut du pavé pour le jean et l’habillement chaîne et trame. Son expérience, alliée à des prix serrés, le place en partenaire de choix. L’Inde est à l’offensive sur les tissés, le coton et le cuir, portée par des politiques publiques qui favorisent son dynamisme à l’export. Le Vietnam se distingue de plus en plus sur le segment de la chaussure, en particulier le cuir et les matières techniques, tandis que la Turquie tire son épingle du jeu grâce à sa proximité géographique avec l’Europe et sa réactivité sur les produits casual, pantalons, t-shirts, leggings ou sweats.
En Europe, l’Italie et le Portugal font office de référence : qualité, finitions impeccables, délais rapides. Leurs ateliers sont recherchés pour les costumes, le cuir, le jersey. L’Espagne héberge les sièges de géants comme Inditex (Zara, Pull&Bear, Massimo Dutti, Bershka), Mango ou Desigual, preuve que puissance créative et force industrielle font bon ménage. De son côté, l’Angleterre perpétue l’art du tweed et des lainages. La Grèce s’oriente vers les vêtements de plage ou de nuit, l’île Maurice reste fidèle à la confection du jean, tandis que l’Europe de l’Est s’installe comme spécialiste des chemises et manteaux.
Pour mieux visualiser ce paysage, voici les principaux atouts constatés selon les zones :
- Chine : volume, diversité, rapidité
- Bangladesh, Inde : coton, jean, compétitivité
- Italie, Portugal : luxe, finition, réactivité
- Turquie, Europe de l’Est : proximité, flexibilité
Quels critères privilégier pour choisir le bon pays de sourcing ?
La qualité du produit sert toujours de repère pour les marques qui souhaitent s’imposer sur le marché. L’Italie et le Portugal se démarquent pour le haut de gamme, la finition et la capacité à livrer vite. Si l’objectif est un produit de luxe ou une pièce technique, ces bassins européens répondent présent : exigence et tradition artisanale y sont bien ancrées. La Chine, championne de la diversité et des volumes, nécessite une vigilance accrue sur le contrôle qualité, selon la gamme visée.
Le coût de fabrication reste un critère de choix. Bangladesh et Inde tirent leur force sur les segments coton, jean, chaîne et trame, grâce à une main-d’œuvre compétitive et une spécialisation pointue. Le Vietnam prend des parts sur la chaussure et les matières synthétiques. Turquie et Europe de l’Est offrent une proximité logistique appréciée des marques européennes, ainsi qu’une vraie souplesse dans la gestion des commandes et des délais serrés.
L’attention portée aux normes sociales et environnementales prend de l’ampleur. Conditions de travail, traçabilité des matières, engagement des ateliers pour réduire leur impact : ces dimensions pèsent de plus en plus dans le choix des sources d’approvisionnement. Selon la spécificité du vêtement recherché, cuir italien, jersey portugais, denim bangladais, chemises d’Europe de l’Est, le choix du pays d’origine influence le résultat final, tant sur la qualité que sur la réputation de la marque.
Zoom sur les tendances et innovations qui transforment l’industrie de la mode à l’international
Le secteur mode évolue à une vitesse fulgurante. Avec des groupes comme Inditex ou LVMH, la chaîne de valeur s’est métamorphosée : Zara, figure de proue espagnole, a imposé la fast fashion comme nouvelle norme, bouleversant les rythmes de création et de distribution. L’agilité, la rapidité de renouvellement des collections, la gestion des stocks en flux tendu redéfinissent les règles du jeu.
En parallèle, la mode durable avance ses pions. Des maisons telles que Stella McCartney ou Patagonia font de la traçabilité et de l’éthique un argument central. Loin du jetable, le secteur Luxe européen soigne la transmission des savoir-faire. Le 19M, édifié par Rudy Ricciotti pour Chanel, rassemble artisans d’exception et ateliers spécialisés. Le Comité Colbert ou l’Institut National des Métiers d’Art illustrent cette volonté de préserver un patrimoine vivant.
La créativité, elle, s’incarne dans les parcours de Virgil Abloh (Off-White, Louis Vuitton), Alessandro Michele (Gucci) ou Demna Gvasalia (Balenciaga). Ces figures imposent leur vision lors des fashion weeks, influençant jusque dans la rue. Le sport, le streetwear, portés par Nike et Adidas, redéfinissent la silhouette contemporaine, brouillant la frontière entre luxe et prêt-à-porter. La technologie, quant à elle, s’invite partout, création, fabrication, distribution. Les équilibres se déplacent, mais la richesse de cette industrie vient de son foisonnement de modèles, de styles et d’inspirations.
Vers une stratégie de sourcing adaptée aux enjeux actuels de la mode
Désormais, la gestion de la chaîne d’approvisionnement occupe une place décisive pour les groupes majeurs du secteur. Inditex, LVMH, Kering et d’autres revoient leur approche, mixant contraintes économiques, pression sociétale et évolution des réglementations. Les marques ne peuvent plus faire l’impasse sur la transparence : traçabilité des matières premières, contrôle des conditions de travail, réduction de l’empreinte écologique deviennent des exigences incontournables. Diversifier les sources d’approvisionnement n’est plus une option, mais une stratégie de résilience et de performance.
Pour répondre à ces nouveaux défis, plusieurs axes se dessinent :
- Relocalisation partielle en Europe afin de gagner en réactivité et de surmonter les obstacles logistiques.
- Investissements dans la valorisation des savoir-faire locaux, notamment en Italie, au Portugal ou en Europe de l’Est.
- Partenariats pérennes avec des ateliers engagés dans le respect des normes sociales et environnementales.
Les groupes leaders misent sur la formation, soutiennent des projets comme le 19M ou l’Institut National des Métiers d’Art pour préserver les compétences. La relocalisation ne concerne plus seulement le luxe : le prêt-à-porter s’y intéresse aussi, à la recherche de flexibilité et de proximité. Cette dynamique va de pair avec une diversification géographique, du Bangladesh à l’Italie, du Vietnam à la Turquie, chaque pays affichant des atouts spécifiques. Les marques modernes ne courent plus seulement après le bas prix, mais traquent l’équilibre subtil entre qualité, responsabilité et agilité. Dans ce jeu mondial, la créativité des acteurs et la capacité à anticiper restent les meilleures armes pour devancer la prochaine vague de transformations.















































